Pour ce premier épisode de l’année 2014, le Broclash plonge dans l’univers riche, étonnant et aussi enfantin de la saga livresque d’Harry Potter écrite par J. K. Rowling.
L’enjeu du Clash est donc la série de livre en 7 volumes qui raconte l’enfance et le début de l’adolescence d’Harry Potter et de son destin extraordinaire dans le monde des Sorciers.
Les Coups de Coeur
Arno :
Le Musée d’Orsay nous propose une très belle exposition sur Gustave Doré avec comme thème les contes de fées. Les annonces du commissaire de l’exposition annonce la sortie des réserves du Musée de pièces peu courante et qui ne seront pas toutes des gravures, domaine qui à construit la réputation de Gustave Doré. L’exposition se déroule du 18 février au 11 mai 2014 à Paris, au Musée d’Orsay, bien sur…
Laurent :
Un « petit » jeu PS3 disponible en dématérialisé Brothers : A Tale of Two Sons est de ses jeux rares qui vous emporte dans un univers différent. Vous incarnez deux enfants qui recherche de quoi sauver leur père. Mais le voyage sera aussi poétique et fascinant qu’émotionnellement intense. Pour quelques euros, évadez vous et oubliez un instant les triples A hyper calibrés.
Le Clash
L’enjeu de ce clash est La série de livres Harry Potter, dans son intégralité. Attention ça va clasher !
Attention !!! Nous allons parler sans contrôle et donc les risques de spoilers seront très (trop) nombreux pour ceux qui n’auraient pas lu les livres.
Téléchargez et écoutez cet épisode, puis décidez si les arguments de Laurent
ou d’Arno vous ont convaincu et VOTEZ. Votre vote est primordial car il détermine qui soumettra
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Harry Potter, devient il trop fade et les romans trop chargés ?
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Je crois que je vais causer ici avant d’atteindre votre limite de tolérance au spam sur Twitter.
Par rapport à la prophétie, vous disiez qu’on ne comprenait jamais en quoi elle était importante et pourquoi c’était Harry l’élu et pas Neville ou n’importe quel autre quidam. La réponse est bien donnée par Dumbledore : c’est parce que Voldemort l’a choisi. C’est impliqué assez clairement par Dumbledore, qui n’a pas beaucoup de respect pour la divination ni pour Sibylle Trelawney en tant que porteuse du troisième œil, que c’était une prophétie autoréalisatrice et que tout aurait pu se passer normalement si Voldy ne s’était pas mis dans la merde tout seul. Mais parce que c’est un gros faible assoiffé de pouvoir qui doute suffisamment de lui pour se sentir menacé par un nouveau-né, il va se mettre en tête de buter Harry alors qu’il n’a même pas entendu la prophétie en entier, le con. La prophétie va dans le sens des autres éléments des romans qui laissent à penser que c’est Voldemort qui cause sa propre perte : d’abord en tuant la mère de Harry EN IGNORANT LE POUVOIR DE L’AMOUR, puis en utilisant le sang de Harry pour se ressusciter à la fin de la Coupe de Feu. Tout cela contribue à démontrer encore que Voldemort est complètement bouffé par la peur et l’ego.
Cela étant dit, je suis d’accord pour dire que la prophétie est un enjeu un peu nul. D’ailleurs elle a été traitée de manière assez calamiteuse dans le film. Pourtant, l’Ordre du Phœnix reste un de mes Harry Potter favoris et c’était mon préféré quand j’étais plus jeune. La corruption totale du ministère qu’on se prend dans la gueule dès le début du livre, Dolores Ombrage, l’Armée de Dumbledore, la fantastique Luna Lovegood, l’occlumancie et Harry qui perd ses deux repères paternels coup sur coup (l’image idéalisée de James et Sirius, puis la mort de ce dernier), ça m’a complètement accrochée. Et puis c’est à ce moment-là que le personnage de Rogue commence à prendre de l’ampleur et on sait ce qu’il en sera par la suite.
Par contre, je suis d’accord avec votre point de vue sur Graup, qui apporte très peu à l’intrigue. Je pense que Rowling avait d’autres desseins pour ce personnage et qu’elle a dû finalement faire passer certaines de ses idées à la trappe. Même le dénouement de l’Ordre du Phœnix aurait très bien pu se faire sans Graup. Hermione aurait été assez intelligente pour vouloir conduire Ombrage directement aux centaures, en sachant que son racisme tonitruant lui aurait valu de grosses représailles de leur part. Graup permet de donner un semblant de famille à Hagrid et il participe à la Bataille de Poudlard, mais c’est un personnage tellement subalterne que je ne m’explique toujours pas sa présence.
Quant au Prince de Sang Mêlé, il est important pour l’évolution de Rogue, aussi. Harry s’attache énormément à la figure abstraite du Prince, qui le rend invincible en cours de potions et lui apprend des sorts cool. Harry souhaite de tout son cœur que son vieux livre ait appartenu à son père, ou à Sirius ou Remus, ou même à sa mère. C’est encore un indice fort que Rogue est un personnage auquel Harry peut s’identifier, qu’il a des nuances et qu’il a encore des choses à nous dire, et ça prend tout son sens à la fin de la série. Le titre est effectivement trompeur parce que le Prince et son identité ne sont pas centraux pour le reste de l’intrigue, mais il aurait été difficile d’appeler le livre « Harry Potter et oh mon dieu cet acharné de Voldemort a découpé son âme et en plus il l’a découpée en sept morceaux putain mais ce mec est complètement taré et en plus Dumbledore a donné le poste de professeur de Défense contre les forces du mal à Rogue pour faire sortir de sa retraite un maître des potions un peu louche ok super bravo les gars ».
Je suis d’accord avec Laurent sur Les Reliques de la Mort. L’errance des personnages est nécessaire, on ne peut pas les faire trouver les Horcruxes les uns après les autres genre goguette sympa. L’errance c’est la réelle mise à l’épreuve de leur amitié. Vivre cachés c’est aussi une autre face de la lutte, celle qui doit rester furtive, parce que la résistance c’est pas juste des coups d’éclats et faire sauter des petits ponts. Ils s’attendent à une aventure, une aventure difficile mais mouvementée et active, et tous voient leurs illusions déçues par la passivité forcée et le sentiment d’impuissance. À la première lecture du septième livre, Poudlard me manquait, je trouvais ça moins bien, mais finalement je ne pense pas qu’il aurait pu en être autrement. Harry et ses copains ont l’habitude des épreuves, de mettre des plans bancals à exécution et de prendre part à de grosses bagarres, mais ils n’ont pas l’habitude de ça. De lutter dans l’ombre, de stagner, de sentir que la foi en Harry en tant que symbole de libération commence à se déliter de l’autre côté et de devoir se taire, s’isoler, sans jamais savoir ce qui arrive à ses proches. C’est complètement différent et ça a pris tous les lecteurs au dépourvu, mais c’est cette coupure qui rend le début du roman intéressant.
On se rend aussi compte de la complémentarité absolue du trio, que Dumbledore avait déjà pressentie. Contrairement à ce que vous avez dit, Harry n’a pas de questionnement quant à ses sentiments pour Hermione après le départ de Ron. C’est un ajout du film (cf la scène où Harry et Hermione dansent sur du Nick Cave), un ajout que je trouve cohérent et intelligent (malgré l’anachronisme musical), mais on ne trouve pas ça dans le livre. On peut déduire soi-même que, maintenant que Ron n’est plus là et que tout espoir semble perdu, il serait facile pour eux de commencer une relation de réconfort qui aille au-delà du platonique, mais ce n’est jamais explicite. Après le départ de Ron, Harry a vraiment envie qu’Hermione redevienne normale, qu’elle parle à nouveau, et il veut la réconforter, mais lui rouler des pelles n’est jamais une solution de réconfort envisagée. Il est toujours clair qu’Harry pense encore à Ginny et jamais il ne compte la remplacer par Hermione. Les craintes et le triangle amoureux ne sont présents que dans les angoisses de Ron. Au contraire, on réalise que, sans Ron, il manque quelque chose, les deux sont moins heureux et n’arrivent jamais à avoir une relation réellement fonctionnelle. Ron sort de son rôle de caution humoristique pour prouver qu’il est un personnage nécessaire, son retour marque d’ailleurs la fin de la stagnation et le retour de l’espoir.
Autre inexactitude : ce ne sont pas les larmes de Rogue qui sont récupérées dans les livres pour être mises dans la Pensine, ce sont ses souvenirs qui suppurent de son corps que Harry prélève. Les larmes sont encore une différence apportée par le film. La version originale est un poil plus gore, un poil moins gnan-gnan. C’est aussi plus logique, puisque les pensées et les souvenirs ont une forme physique à part entière et n’ont pas besoin d’être hébergés dans des fluides corporels.
Là où je suis moins d’accord avec Laurent, c’est au sujet des morts. Toutes les morts ont un sens. Et pas que celle des gentils. La mort de Pettigrew a un sens et nuance son personnage de simplet aveuglément servile. La mort de Bellatrix a un sens, parce que son passe-temps favori était d’assassiner les membres de sa famille, et la faire mourir dans un duel contre Molly Weasley paraissait tout naturel. Et puis c’est un rappel amical que Mme Weasley n’est pas simplement qu’une experte en sorts domestiques, mais aussi une combattante qui touche sa bille et une vraie badass. Si vous avez vu Les Reliques de la Mort Partie 2 au cinéma, vous avez peut-être eu droit aux clameurs et aux encouragements du public au moment où elle lance « NOT MY DAUGHTER, YOU BITCH ! » avant d’achever Bellatrix. C’était complètement jubilatoire.
La mort d’Hedwige ne vous a peut-être pas affectés, mais moi ça m’a complètement mise sur les rotules. Sa mort est le signe que tout sera différent et que désormais la fête est finie. Hedwige était son doudou, son seul compagnon chez les Dursley, le premier symbole de son entrée dans le monde de la magie. C’est un symbole énorme. Et comme ce n’est qu’un animal, on ne réalise pas qu’elle représente un enjeu et qu’elle peut mourir. Du coup, sa mort possède un élément de surprise extrêmement brutal pour le lecteur. La mort de Fred Weasley aussi est pleine de sens. Rowling voulait déjà tuer Arthur Weasley avant d’y renoncer car sa mort aurait changé trop de choses pour le personnage de Ron. Mais la famille Weasley ne pouvait pas rester indemne et la mort de Fred est particulièrement horrible pour tout le monde. Elle aurait pu tuer Bill, Charlie ou Percy, des membres moins importants pour Harry, mais Fred, c’était osé. Fred et George sont un duo absolument inséparable, tuer Fred c’est aussi tuer un peu George. Même confrontée à un Épouvantard qui lui montre un par un les cadavres des membres de sa famille, Molly voit les jumeaux morts ensemble, car même dans ses pires cauchemars elle n’imagine pas qu’ils puissent être séparés. C’est horrible. Et c’est pareil pour la mort de Remus et de Tonks. Et celle de Colin Creevey. Même la mort de Crabbe a du sens. Ce n’est jamais gratuit.
L’épilogue de la saga est vraiment gênant, elle aurait très bien pu clarifier le futur des héros en interview sans polluer la fin du livre. Je crois que Rowling a dit que cet épilogue servait juste à parler de Teddy Lupin, un troisième orphelin après Voldemort et Harry, mais dont la vie serait totalement différente. Contrairement à Voldy, ce n’est pas un gosse rongé par la haine, contrairement à Harry, ce n’est pas un enfant maltraité et angoissé par une gigantesque menace, mais un enfant heureux, aimé et entouré. Une façon de boucler la boucle et de montrer que cette troisième génération d’orphelins est la bonne. Je trouve que cette explication a du sens et je m’en contente parce que, si je lis ce chapitre sans avoir le sous-texte en tête, je grimace de malaise tout du long.
Voilà, sinon cet épisode était bien, hein. On voit que vous avez vraiment pris le sujet au sérieux, que vous avez bien lu attentivement les livres avant d’enregistrer et ça me fait plaisir car Harry Potter c’est sérieux. Je vote évidemment Laurent, même si je suis d’accord avec Arnaud pour dire que l’univers de Harry Potter est plus intéressant que Harry Potter. C’est juste que je ne vois pas en quoi c’est un problème.
Bon boulot les copains, et pardon pour le mur de texte.
Bon… Que dire ? Merci pour ce commentaire complet. D’avoir ton retour positif fait plaisir car tu es (visiblement) très attaché à ce monde. Et ton retour sur l’épilogue apporte encore un autre sens. Merci encore.
J’adore ton commentaire. Nous avons presque le même point de vue mais j’aimerais te répondre sur ta conclusion : » Je vote évidemment Laurent, même si je suis d’accord avec Arnaud pour dire que l’univers de Harry Potter est plus intéressant que Harry Potter. C’est juste que je ne vois pas en quoi c’est un problème. »
C’est justement tout le problème pour moi. La perte de rythme du récit et de l’intensité des émotions liées au parcours d’Harry, me perturbe. Cela se cumule en plus avec un style d’écriture parfois moins « vivant ». Du coup, puisqu’elle traine et part en digressions j’aurais préféré que se soit pour nous faire découvrir plus de choses, un peu comme Tolkien dans le Seigneur des Anneaux.
Je trouve que cela est vraiment gênant, surtout dans la lecture du dernier tome. C’est un ressenti personnel et sûrement un peu une frustration vis à vis de ce si bel univers. Je dois avouer que j’attends avec impatience et un regard acéré les nouveaux livres de J. K. Rowling.
Et encore merci pour ce magnifique commentaire.
super épisode comme toujours !
merci
juste pour continuer dans votre parallèle avec le christ … Rogue , un côté Judas ? tout le monde le pense mauvais , mais l’est-il vraiment ? …
voilà moi j’ai voté pour Arno, mais je comprends les arguments de Laurent avec le fait que ce soit Le point de vue de Harry, un ado … mais c’est chiant !!! alors peut-être suis-je déjà trop agée ?!? (j’avais environ 25ans qd je les ai lu…)
bref
j’ai trouvé la discussion très intéressante, merci
bonne continuation
bons différents podcasts
à bientôt de vous écouter ici ou ailleurs ;-)
Merci. Bien vu pour le parallèle Rogue/Judas. Ah les ados… Passionnants et pénibles à la fois. :)
Encore une fois un bon épisode, je pense que c’est celui pour lequel je suis le plus indécis, en effet à la première lecture j’étais jeune et emballé par l’univers et j’ai adoré sans aucune retenue les bouquins. Je les ai relu l’an dernier et les limites de certains passages, notamment l’errance dans le tome 7, qui parait nécessaire mais reflète le manque de charisme de Harry m’ont laissé une impression plus mitigé.
L’essence du plaisir de la lecture de H P était de me replonger dans cet univers à la sortie de chaque tome et de voir Harry grandir comme moi, alors le lire quelques années après en n’en attendant autre chose était peut être une erreur.
Merci pour le commentaire. Effectivement, la lecture de cette saga est peut être lié à l’âge de son lecteur. Le pari de Rowling de presque « suivre » l’âge de son lecteur peut être déroutant quand on reprends la lecture des années plus tard. Intéressant point de vue.
Un excellent épisode, qui me donne envie de relire les derniers tomes.
J’ai été pris moi aussi dans l’explosion du calendrier scolaire du dernier volume : tout s’affole, le personnage est devenu adulte d’un seul coup, avec ce simple marqueur temporel qui disparaît. Et les longueurs de la fuite me paraissent essentielles pour rester au plus près du ressenti du personnage dont on suit les pensées.
Et donc j’ai voté Laurent :p
bises,
Kobal.